Assise sur le porche de la maison, emmitouflée dans un gros manteau, un bonnet vissé sur la tête et des moufles pour lui tenir chaud aux mains, la petite Josephine regardait la neige tomber. Depuis toujours, elle adorait la neige. C'était comme regarder les plumes des anges tomber. Et puis quand la neige commençait à tomber, cela annonçait aussi que noël n'était pas très loin. Et comme tous les enfants de son âge, elle adorait noël. Du moins, avant cette année. La porte de la maison s'ouvrit et elle entendit les pas de sa tante avant que celle-ce ne vienne s’asseoir auprès d'elle. Josephine tourna doucement la tête vers la grande brune à côté d'elle. «
Il va neiger encore longtemps je crois, le ciel est tout blanc. ». Et de sa main droite, Josephine montra alors le ciel à sa tante, comme si celle-ci ne savait pas où il se trouvait. Dans la rue face à elles, un groupe d'enfant faisait une bataille de neige. «
Pourquoi tu ne vas pas jouer avec eux Joey ? Tu adores ça les batailles de neige. ». Oui, elle adorait ça depuis toujours. Chaque année, c'était le même rituel depuis qu'elle avait trois ans. Avec son père, ils construisaient un fort dans la neige. Ils se cachaient là tous les deux en attendant que sa mère rentre et puis, ils l'attaquaient. Ils finissaient tous les trois à faire des anges dans la neige blanche avant d'aller se réchauffer prés de la cheminer avec un chocolat chaud aux guimauves. Oui, Josephine adorait la neige, adorait cette période de fin d'année. Mais cette année, elle ne jouait pas, elle ne riait pas. «
Je n'ai pas très envie, tante Beth. ». La véritable réponse aurait été qu'elle se sentait coupable si elle jouait et s'amusait comme avant. La neige, noël, tout ça c'était des moments privilégiés entre ses parents et elle. Cette année, ils n'étaient pas là, emporté loin d'elle par un chauffard ivre, alors elle ne jouerait pas. «
Joey, chérie, je sais que ce n'est pas facile, mais tes parents préfèreraient te voir jouer avec les autres enfants tu sais. ». Joey tourna alors rapidement la tête vers sa tante en fronçant les sourcils. «
Tu sais lire dans les pensées des enfants toi? ». Elle ne voyait pas d'autres explications sur le fait que sa tante avait compris ce qu'il se passait vraiment sans qu'elle n'ait rien dit. «
Peut être bien. Allez viens, je vais te faire un chocolat chaud avec des mini guimauves. ». Il n'en fallut pas vraiment plus pour remplir les yeux de la petite fille d'étoiles. Et elle ne se fit certainement pas prier pour allez avec sa tante.
***
Plongée dans son devoir d'histoire, Joey laissa échapper un long soupire avant que la porte de sa chambre ne s'ouvre. Tournant la tête, elle put alors avoir Marissa, la compagne de sa tante et sa troisième mère en quelque sort. Joey fit une moue désolée, sachant très bien de quoi elles allaient parler. Elle fit mine de reprendre son travail sur son devoir d'histoire tandis que Marissa s'asseyait sur son lit. «
Je n'ai encore rien dit à Beth, mais je suis sûre qu'elle prendra mieux la chose si j'ai une explication à lui donner. ». Joey posa son crayon sur son cahier avant de se retourner vers la rousse assise sur son lit. Se passant une main dans les cheveux, elle cherchait quelque chose à répondre. Elle se sentait chanceuse que Marissa ait été là pour prendre l'appel du directeur et non Beth. Elle savait depuis le temps que la rousse était bien plus patiente que sa tante. «
Je suis sûre que tu trouveras bien quelque chose à lui dire. ». Elle était consciente que ce n'était pas la chose la plus sympa à faire que de repousser l'aide qu'on lui offrait. Seulement, elle n'était pas bien certaine de vouloir parler de ce qui c'était passé. Si elle c'était battu avec ce garçon, elle avait ses raisons, était-il vraiment nécessaire de les expliquer ? Elle pensait que non. «
Joey, je veux bien t'aider, mais si tu ne me dis rien, je ne pourrais rien faire. Je ne crois pas que tu l'ai frappé juste pour le plaisir. ». Joey laissa de nouveau échapper un soupir avant de se lever et d'aller s'installer auprès de Marissa. «
Il n'arrêtait pas de parler de toi et tante Beth. De vous insulter. Je lui ai juste fait ravaler ses paroles. ». Et elle avait dit ça avec un naturel absolu. Si cela dérangeait les autres qu'elle soit élevée par deux femmes, elle, cela lui convenait tout à fait. Elle avait vu bon nombre de ses amis subir le divorce de leurs parents. Ils avaient beau être ''normaux'' comme ils aimaient à le dire, eux ne savaient pas ce que c'était qu'un amour vrai et qui dur. Joey laissa poser sa tête sur l'épaule de Marissa lorsque celle-ci passa un bras autour d'elle. «
Même si j'ai envie de te dire merci pour ça, je dois aussi te dire que la violence c'est pas la solution chérie. Laisses les parler, crois moi, ça ne vaut pas la peine de te faire exclure pour eux. En tout cas, j'ai vu l’œil du garçon en question et... Félicitation ma belle. ». Elles échangèrent un sourire complice avant de se serrer dans les bras et de rester ainsi quelques minutes. Sans un mot.
***
«
Putain de merde, vous êtes tombée sur la tête ou quoi ? Je ne vais quand même pas porter ça! ». Joey regardait avec dégoût la robe posée sur son lit. Marrisa et Beth l'avaient choisie pour elle. Elles voulaient que leur petite protégée soit magnifique pour le jour du bal des finissants. Joey ne semblait pas du tout du même avis. Premièrement parce que si il n'y avait eu qu'elle, elle n'aurait certainement pas mit les pieds à ce fichu bal. Deuxièmement parce que si elle osait porter les chaussures qui allaient avec, elle allait se casser la figure bien comme il fallait. «
Bien sûr que si tu vas la mettre et tu seras magnifique. ». Joey leva un sourcil pas le moins du monde convaincu. Mais elle n'avait pas vraiment d'autre choix. Elle avait promis à Frannie qu'elles iraient au bal, elle ne pouvait pas vraiment la laisser tomber. Et elle n'avait rien d'autre à se mettre. C'est donc à contre cœur qu'elle alla enfiler la robe horrible qu'on avait choisi pour elle. C'est avec appréhension qu'elle mit ensuite les escarpins et qu'elle fit quelque pas maladroit vers le miroir. «
J'ai l'air d'une meringue, c'est horrible. Merde, je vais pas me montrer devant tout le lycée comme ça. ». Et alors qu'elle commençait à retirer les chaussure et à vouloir en faire autant de la robe, Beth posa ses mains sur les épaules de sa nièce. «
Ne dis pas n'importe quoi Joey, tu es magnifique. Remet tes chaussures et prépares toi, Frannie ne va pas tarder. ». Joey respira profondément, quand bien même elle ne se sentait toujours pas à l'aise habillée de la sorte. Elle se rendit rapidement dans la salle de bain pour donner une dernière retouche à son léger maquillage et à sa coiffure des plus simple. Elle était en train de descendre doucement les escaliers lorsque la porte s'ouvrit pour laisser place à Frannie. Joey s'arrêta alors au milieu des escaliers pour regarder son amie avec un large sourire. Elle ne pu s'empêcher de la regarder un long moment. Frannie c'était sa meilleure amie depuis de longues années maintenant. Pourtant, c'était aussi plus que ça ces derniers temps. Elle ne l'expliquait pas, ne le fuyait pas, mais n'avait pas encore trouvé la force de le lui dire. Pourtant de voir son amie dans cette robe lui donnait tout un tas d'idées qui en disaient long sur ce qu'elle pouvait vraiment ressentir pour la jolie rousse. Joey secoua doucement la tête avant de descendre les marches qui lui restait et d'aller poser un baiser sur la joue de Frannie. «
Je ne veux rien entendre. On y va et tu ne dis pas un mot. ». Non, elle ne voulait pas entendre combien elle avait l'air d'une meringue et après avoir embrasser ses tantes, elle entraîna aussi Frannie vers la voiture. Plus vite elles arriveraient, plus vite elles repartiraient.
***
Assise sur l'un des fauteuils, attendant son tour en feuilletant un magasine, Joey regardait cette blonde que Frannie avait récemment embauchée. Elle ne savait pas comment elle s’appelait, si ce n'est le Baby qui Frannie lui avait attribué, mais quelque chose chez cette fille la dérangeait. Et derrière son magasine, en réalité elle observait cette nouvelle. Elle n'aimait pas le regard que la blonde posait sur sa fiancé. Et quand bien même elle faisait confiance à Frannie, elle ne pouvait pas lutter contre la jalousie qui s'emparait d'elle. Joey tourna une page avec agacement en voyant Baby poser une question à Frannie. Mais elle fut interrompu par une voix masculine à côté d'elle. «
Si tu comptes lui sauter dessus, tu peux attendre que les clientes soient parties ? ». Joey tourna alors la tête vers Stan, un coiffeur qu'elle appréciait et avec qui elle avait eu plus d'un fou rire. Elle leva un sourcil avec une légère moue. «
Tout dépend de laquelle tu parles. ». Joey eu alors un léger sourire en coin pour son interlocuteur. Bien sûr qu'il comprenait le sous entendu. Bien sûr qu'elle ne sauterait pas de la même façon sur Frannie ou sur cette Baby. Elle essayait juste de détendre l'atmosphère pour se calmer elle même. «
Bien à vrai dire, pour les deux ce serait bien que tu attendes en faite. ». Joey leva les yeux au ciel avant qu'il ne lui fasse signe de venir avec lui pour la coiffer. Tout ce qu'elle voulait c'était une petite coupe, ses pointes commençaient à s'abîmer. Cela ne prit pas bien longtemps, mais elle ne pu s'empêcher de garder un œil sur cette Baby tout le long. Et lorsque Stan eu enfin fini, elle ne pu se résoudre à partir comme ça. Se rendant auprès de Frannie, elle lui prit doucement la main avant de l'attirer à elle et de l'embrasser longuement. Et sans un mot, mais avec un certain regard pour Baby, elle tourna les talons et sortit du salon de coiffure. Les choses étaient claires, Frannie était à elle et elle ne la perdrait certainement pas sans se battre.