(c)red lips, peppery ash & burningcandles.

→ I LEARNED TO LIVE HALF ALIVE
AND NOW YOU WANT ME ONE MORE TIME.

« Tu rapporteras un livre plein d'image ? » que me demande Maddison, tirant avec sa petite main sur ma chemise. Je pose mes genoux par terre et me situe à son niveau. Je la regarde dans les yeux, ne pouvant m'empêcher de sourire. J'avais réussi à tenir la promesse que je lui avais faite, alors qu'elle n'avait qu'une année. Elle ne me demandais pas sans arrêt où était sa maman, quoique la question soit quand même fréquente. Je n'arrive simplement pas à croire que cette enfant, aussi parfaite soit-elle, ressemble autant à sa mère. Il y avait quelques caractéristiques qui m'appartenaient, mais majoritairement, elle ressemblait à sa mère. Je ne peux sincèrement lui en vouloir pour me rappeler ce que j'avais perdu, mais parfois ça semblerait tellement plus facile. Je passe une main dans ses cheveux doux, châtains tirant vers le blond et elle grimace. Je pose un baiser sur sa tête et déjà, à cinq ans, elle roule des yeux comme je le fais si bien quand un truc m'embête. « Promis, Maddie. Maintenant va jouer avec la poupée de Frannie. » Je l'ai apportée au salon de coiffure où travaille Frannie, parce que c'est carrément l'un des endroits qu'elle aime le plus. La petite me fait un câlin et je la serre longtemps dans mes bras. Je dois m'occuper de certains trucs -genre le travail- et après hop, une petite tournée au bar avant de rentrer chez moi. Je donne un clin d'oeil à ma meilleure amie, alors que bébé cours jusqu'à son "bureau" là où elle massacrera comme à son habitude, les faux cheveux de la poupée. Je pars bosser, mais j'ai pas grand chose à faire. Je devais aller parler de prévention des incendies au lycée et après, direction le bar. Après une tournée des classes, je termine finalement et je prends ma caisse pour me retrouver au Wild River. J'arrête le contact et reçois une photo sur mon portable de mini Everdeen, tout en beautée et Fran. Je rigole et sors de ma voiture pour me rendre dans le bar. Je m'accoude proche du barman et je commande une bière. En me retournant, je fais pas gaffe, je pense pas à ce que je fais et je passe mon regard sur tout les visages présents. Tous connus et ... un plus que les autres. Madame Brawn dans toute sa splendeur. Je n'avais pas eu de nouvelles d'elle en quatre ans, sauf quelques cartes pour la fête de notre fille et il suffisait de lui envoyer les papiers du divorce pour qu'elle revienne ? Non, je crois pas. Le mec qui me sert ma bière remarque que je suis énervé, mais me la donne tout de même. Je la cale au complet avant de la déposer violemment et de me diriger vers "ma femme." Elle m'a vu et se relève, alors que j'approche. « viens » et sans lui laisser le temps de répondre, je la prend par le bras -un peu fort, mais en ce moment, la douleur qu'elle m'a causé à moi et à Maddison est trop forte pour que je fasse preuve de douceur- et l'entraine dans la réserve. Les gens n'ont pas a être témoins de ce que je dirais. Je la pose devant moi, appuyée contre le mur. « Qu'est ce que tu fiches ici, Daveigh ? Signer les papiers et rester où t'es, loin de ma vie et de ma fille depuis quatre ans, c'était trop difficile ? »

and i'm dying to know, is it killing you like it's killing me ?
(c) claire holt dot com ; REMEMBERhope ; hollow art

Grant Pass, Oregon. Je suis née ici. J'ai toujours vécu ici. Et ici, je suis une étrangère. Revenir dans la ville de son enfance après l'avoir quitté, c'est dur. Revenir quatre ans après avoir délaissé mari et enfant, c'est pire. J'avais fait le choix de revenir. Je doutais d'avoir fait le bon, finalement. J'aurais dû signer ces foutus papiers, lui laisser la garde de Maddison, et agir comme si ma vie ne changeait pas. Après tout... j'étais partie. Je lui avais laissé une lettre d'adieu. J'étais partie, comme une voleuse. Je lui avais tout laissé. Mes peines, mes fringues, mes affaires, ma fille, enfin notre fille, tous les problèmes que nous avions... J'avais écris une lettre, pris mon sac à main, mes clés de voiture et j'étais partie. Rideau. Fin.
Ce que je foutais ici ? L'espoir de revoir ma fille, peut être. Un mouvement du désespoir après m'être lâchement sauvé, 4 ans auparavant. C'était stupide. Que comptais-je faire ? Passer chez Ryan, lui dire que je ne signerais pas ces foutus papiers, lui demander à voir ma fille ? J'étais là depuis deux semaines et je n'en avais pas trouvé le courage. Peut être que, finalement, je devrais me contenter de déposer les papiers (non signés) dans sa boite aux lettres et retourner à ma vie dans le Minnesota. Pas que j'ai jamais considéré cette "vie" comme agréable. Mais elle serait peut être moins déplorable que ce qui se passerait si j'allais voir Ryan. Pourquoi étais-je revenu, d'ailleurs ? Je l'aimais, je crois.
J'étais là, dans un bar que je n'avais pas fréquenté depuis quatre ans. Les yeux fixés sur une tasse de café vide, je réfléchissais. J'avais mal. Mal de ne pas savoir. J'étais resté à distance de chez Ryan. Je ne voulais pas prendre le risque immodéré de le croiser. C'était sans doute pour ça que je passais la grande partie de mes journées dans la maison d'où j'avais été chassé. Mes parents étaient repartis en Russie deux ans plus tôt et gardais cette maison lorsqu'ils venaient voir Maddison. C'était Katarine qui me l'avait dit. La seule personne de ma famille à toujours m'adresser la parole, de temps à autre. Elle avait eu la gentillesse de m'envoyer les clés, craignant que je ne doivent passer mes nuits à l'hôtel. Je m'étais demandé comment réagirais Ryan si il avait vu que la maison était ouverte. Aurait-il pensé que mes parents étaient en ville ? Que Maddie allait voir ses grands parents ? J'avais vainement souris à la pensée qu'il puisse venir voir. Peut être n'avait-il tout simplement pas vu... Ou alors avait-il un problème avec ma mère. Possibilité à examiner. Je n'avais jamais supporté de savoir que mon départ avait forcé mes parents à rendre visite à Ryan et Maddison. Je ne pouvais pas comprendre pourquoi, une fois que j'avais été hors tableau, ils s'étaient décidés à reconnaître qu'ils avaient une petite fille. Les gens étaient incompréhensibles. Peut être l'étais-je aussi, après tout.
Un bruit sourd au comptoir me fais lever les yeux. BAM. Choc. Double choc. Ryan. Et il m'a vu. Soucieuse d'échapper à la confrontation ici, je me lève et attrape mon sac. Peine perdue. « viens » J'entrouve la bouche pour répondre alors qu'il m'attrape le bras et m'entraine dans un coin. Non. Non. Je ne veux. Je ne suis pas prête à ça. Il me coince contre le mur. Et la douceur Ryan, tu l'as oublié et ou tu tiens vraiment à blesser la mère de ta fille ? « Qu'est ce que tu fiches ici, Daveigh ? Signer les papiers et rester où t'es, loin de ma vie et de ma fille depuis quatre ans, c'était trop difficile ? » Mes yeux croisent les siens. Je me sens trop mal pour tenter un sourire ou prendre les choses avec humour. Je ne tiens pas à l'énerver et je sais que cette réaction serait mauvaise. « Moi aussi je suis ravie de te revoir, et oui j'ai fais très bon voyage. Comment vas tu ? Bien apparemment. Et Maddie, où est-elle ? » Prendre les choses de cette façon est le seul moyen de masquer mon trouble. « Ce que je fais là ? Je suis venue te rendre ça... » Joignant geste à la parole, j'extirpais de mon sac les papiers du divorce et lui tendait. Je savais que sa réaction ne se ferait pas attendre lorsqu'il constaterait qu'ils n'étaient pas signés. Mais je ne pouvais m'y résoudre.

Ma vie n'avait pas été facile depuis le départ de Daveigh. Elle ne l'est plus depuis la naissance de Maddison, mais je ne regrette pas. Je pensais que je oui, mais en fait je ne peux pas en vouloir a une enfant aussi merveilleuse. Elle me fait penser à sa mère constamment, mais ce n'est pas douloureux. Elle ressemble à la Daveigh que j'aimais, aime toujours, probablement. Elle n'est en rien comme celle qui est partie. Lorsque je suis allé voir ses parents, me demandant si elle ne leur avait pas dit où elle allait, ils étaient surpris. Leur fille ne ferait pas un truc comme celui-là. Après tout, elle avait compromis sa famille pour moi et Maddie. Ils ont toutefois compris en voyant la tête que j'affichais et la petite fille dans mes bras, que je ne disais pas une blague de mauvais goûts. La mère de la femme que j'aimais s'était rapidement liée d'amour pour sa petite fille, ce qui m'avais tant étonné de voir, puisqu'elle avait carrément ignoré sa fille. C'était bien pour Maddison, mais je ne pouvais plus retourner dans cette maison. Maison qui me rappelait tant de souvenir et qui me soufflait presque le parfum de la femme de ma vie. J'ai longtemps espérer son retour, mais en vain. Un jour, j'ai tout bonnement réalisé qu'elle ne reviendrait tout simplement pas. Maddison était désormais à moi et je me devais de l'élever pour qu'elle soit la meilleure personne possible. Elle est devenue mon univers, la seule chose qui comptait vraiment. La revoir dans ce bar ne faisait pas parti de mes plans et l'effet qu'elle me donnerait non plus. Je suis énervé, putain. Elle a pas le droit de me faire ça et encore, si ce n'était que moi. Je dois penser à la petite fille blonde qu'elle a mise au monde. C'est elle que je dois protéger avant moi. Mon coeur est faible devant celle que je peux appeler ma femme, parce qu'elle le possède toujours. Elle est partie avec et maintenant qu'elle est revenue, je ne sais plus quoi en faire. Non, en fait, je sais très bien. On va divorcer et elle va se casser. Ça serait beaucoup plus simple et cela sauvera peut-être mon coeur d'être encore une fois écrasé par ce que je ressent pour elle. Je n'y vais pas de main morte avec elle, mais c'est pas comme si elle l'avait pas mérité. Je vois rouge et c'est pas le moment de penser au bonnes manières. On est dans la remise, mais le barman s'en fou. Je le connais et je sais qu'il s'y opposera pas si c'est pour éviter une scène dans son bar. « Moi aussi je suis ravie de te revoir, et oui j'ai fais très bon voyage. Comment vas tu ? Bien apparemment. Et Maddie, où est-elle ? » Mon regard converge automatiquement vers le sien. De quel droit parle t-elle de Maddie comme si elle en avait quelque chose à foutre ? J'ai toujours été là pour elle. Je sais même pas pourquoi elle est partie. Si c'était à cause de moi, limite elle me le dit et on divorce. Elle ne pouvait pas laisser Maddison sans mère. J'aurais pas dû aller dans ce stupide bar avant d'aller à la librairie, chercher le livre plein d'image que la petite Everdeen voulait plus que tout. Je garde mes mains au niveau de ses bras et la garde coincée contre le mur et moi. Je ne veux pas qu'elle se défile et se casse une seconde fois, elle me doit au moins des explications. « Je me fous de ton voyage, Daveigh. Le reste ne te concerne pas, tu as été assez claire ces... quatre dernières années. »

« Ce que je fais là ? Je suis venue te rendre ça... » « La poste, ça sert à rendre ce genre de truc sans que j'ai besoin de te voir, tu sais. »

« Et t'as pas signé. Pourquoi, Brawn ? Me faire plaisir de le signer devant moi et de te casser de nouveau ? »